Pour fin de lecture, les chiffres entre parenthèses réfèrent aux numéros des références annexées au présent document.

La vitamine D (vitD) a fait l’objet de plusieurs publications et recherches dans les dernières années! Regardons ensemble les récentes données sur le sujet et quelles sont ses implications potentielles sur notre santé globale et microbienne!

Plusieurs rôles potentiels à l’étude

La majorité des gens connaissent le rôle de la vitD sur la santé osseuse (13) puisqu’on considère qu’elle est « l’amie » du calcium et du phosphore dans les différents processus osseux! En effet, la vitD est impliquée dans l’absorption et la rétention de ces deux minéraux qui sont essentiels à la synthèse osseuse (7). De plus, la vitD est nécessaire au développement normal et à la croissance des fibres musculaires (7).

Plusieurs études rapportent que les implications de la vitD vont beaucoup plus loin que la santé osseuse (6,7,9)! En fait, de nombreux organes et tissus du corps possèderaient des récepteurs pour la vitD (16), laissant présager des rôles plus vastes que ceux confirmés pour l’instant!

Voici quelques rôles auxquels la vitD pourrait être impliquée et leurs explications soutenant ces hypothèses :

  • Réduction de la croissance des cellules cancéreuses dans les études en laboratoire (in vitro) (7)
    • La vitD aurait un rôle dans la régulation de la prolifération et la différentiation cellulaire et l’apoptose (1, 7) 
    • Des effets chimiopréventifs sur les cancers colorectaux ont été rapportés dans plusieurs études (12)
    • Des niveaux sériques supérieurs de vitD ont été associés à une réduction du risque de cancers colorectaux (vs niveaux inférieurs) (3)
    • Une méta-analyse d’essais contrôlés randomisés a confirmé que la supplémentation en vitD réduisait significativement la mortalité liée au cancer (12)
  • Réduction du risque des maladies cardio-vasculaires (MCV) (7)
    • Des études observationnelles rapportent une association entre les niveaux sériques de vitD et la présence de MCV (7)
  • Association dans plusieurs conditions de santé telles que la santé mentale
    • Des études observationnelles ont constaté que les personnes souffrant de dépression avaient des niveaux plus faibles de vitD (2, 7)
      Des niveaux adéquats de vitD seraient nécessaires pour une fonction neuropsychiatrique cérébrale normale, entre autres par son implication avec le tryptophane (18)
  • Implication dans les réponses immunitaires (7, 12)
    • La vitD serait associée à un rôle clé dans les systèmes immunitaires adaptatif et inné
    • Les récepteurs de la vitD seraient exprimés dans diverses cellules immunitaires, notamment les lymphocytes B et T (16)
  • Réduction de l’inflammation (1) : Sujet détaillé dans la section ci-dessous

Et le microbiote dans tout cela, quel serait son rôle ?

Au sein de plusieurs études, la vitD a été démontrée comme ayant des rôles clé dans la santé du microbiote ainsi que dans sa composition (17). Tout d’abord, la vitD est impliquée dans le maintien de la fonction de la barrière de la muqueuse en favorisant l’expression des protéines de jonctions serrées (1, 3, 4, 14, 16). En effet, une carence en vitD a été associée à une perturbation de l’intégrité de la barrière intestinale, à la translocation de bactéries dans la circulation sanguine et à une inflammation systémique (1).

Pour mieux comprendre les termes ci-dessous utilisés; de dysbiose, de barrière intestinale, de perméabilité intestinale et leurs implications, nous vous invitons à aller réviser l’article du blogue Perméabilité ou « leaky gut » ce qu’il importe de savoir!

La vitD est aussi reconnue pour moduler le microbiote intestinal et prévenir la prolifération bactérienne (1). En effet, la forme active de la vitD (1,25(OH)2D) induit les macrophages à produire des peptides antimicrobiens (4). De plus, la vitD affecte positivement les tissus intestinaux en favorisant les réponses immunitaires innées, entre autres en inhibant la prolifération des cellules T (1, 4, 16, 17). En outre, plusieurs études ont démontré une association entre une déficience en vitD et le développement d’une dysbiose (1). En effet, au sein d’une revue systématique du rôle de la vitD sur le microbiote intestinal chez l’humain et l’animal, 12 des 14 études ont rapporté une association entre la vitD et le microbiote intestinal (1). Dans une autre revue systématique de 25 études chez l’humain (14 d’intervention et 11 d’observation), la supplémentation en vitD a été associée à des changements dans la composition microbienne pour les Firmicutes, les Actinobacteria et les Bacteroidetes (1, 2).

À titre d’exemple, une étude de 26 adultes en santé et en surplus de poids a évalué l’effet d’un supplément de vitD sur le microbiote (1, 12, 14). Les auteurs ont constaté que la supplémentation en vitD a augmenté la diversité microbienne en plus d’une augmentation du ratio Bacteroidetes/Firmicutes (associé à une bonne santé intestinale) et des bactéries bénéfiques comme les Bifidobacterium et les Akkermansia(1, 12, 14).

Implication de la vitD au sein de différentes maladies intestinales

En plus de son effet sur le microbiote, plusieurs études se sont intéressées aux rôles de la vitD dans les pathologies intestinales, comme le syndrome de l’intestin irritable (SII) et les maladies inflammatoires de l’intestin (MII) incluant la maladie de Crohn et la colite ulcéreuse (11, 16, 18). En effet, une déficience en vitD a été associée à plusieurs maladies du tractus gastro-intestinal, donc le SII et les MII (11, 16, 18). Une revue de la littérature et méta-analyse a démontré l’efficacité de la supplémentation en vitD sur l’amélioration du SII dont les symptômes intestinaux et la qualité de vie (18). De plus, les niveaux sériques plus faibles en vitD sont associés à un risque supérieur de chirurgies et d’hospitalisations lors des MII en plus d’un risque supérieur de l’activité de la maladie pour les patients ayant la maladie de Crohn (11). D’autres études sont nécessaires sur le sujet pour bien établir les liens entre ces conditions de santé et la vitD! Malgré tout, différentes hypothèses sont émises expliquant leurs associations dont l’effet sur le microbiote (bien sûr!) (11).

Comment donc aller chercher cette vitD si précieuse ?

La production de vitD par la peau est la principale source naturelle de vitD. En effet, celle-ci est produite par les rayons ultraviolet B (UVB) du soleil (7). Par contre, plusieurs facteurs influencent sa synthèse par le soleil. La saison de l’année, la pigmentation de la peau, la latitude, l’utilisation d’écran solaire et les vêtements qui couvrent la peau ne sont que quelques exemples (7).

Ainsi, de nombreux sous-groupes d’individus sont plus à risque de carence telles que (7-9) les personnes :

  • Âgées. Capacité du corps à transformer la lumière du soleil en vitD se détériore en vieillissant;
  • À la peau plus foncée;
  • Portant des vêtements qui couvrent la majeure partie de leur corps lorsqu’elles sont à l’extérieur;
  • Allant peu à l’extérieur;
  • Atteintes de la maladie de Crohn, de colite ulcéreuse ou de la maladie cœliaque. Conditions modifiant la façon dont le corps absorbe les gras, ce qui rend plus difficile l’absorption de la vitD;
  • Ayant subi une chirurgie bariatrique;
  • Suivant un régime très faible en gras. Rappelons que la vitD est liposoluble, c’est-à-dire soluble dans les gras;
  • Vivant à l’extrême nord, à l’extrême sud ou dans des climats nuageux. Faible exposition au soleil.

Quelles quantités sont nécessaires?

L’apport nutritionnel recommandé en vitD fournit la quantité quotidienne nécessaire au maintien d’os sains et d’un métabolisme normal du calcium chez les personnes en bonne santé (7, 9). En effet, une carence en vitD entraîne une minéralisation insuffisante du squelette, pouvant mener au rachitisme chez les enfants et l’ostéomalacie chez les adultes (7)

L’apport nutritionnel recommandé par l’Institute of Medicine (IOM) pour les adultes de 19 ans et plus est de 600 UI (15 mcg) par jour pour les hommes et les femmes, et pour les adultes de plus de 70 ans, de 800 UI (20 mcg) par jour (7).

Dans le sang, l’objectif de taux de 25(OH)D est > 20 à 24 ng/mL (environ 50 à 60 nmol/L) pour une santé osseuse maximale (8).

L’apport maximal tolérable (AMT), selon l’Institute of Medicine (IOM), est l’apport quotidien maximal susceptible de provoquer des effets nocifs sur la santé. L’AMT pour la vitD pour les adultes et les enfants âgés de 9 ans et plus est de 4 000 UI (100 mcg) par jour (7-9). Cette quantité ne peut pas être atteinte par le soleil, mais bien par les aliments, mais surtout sous forme de supplément! L’hypervitaminose D conduit à une hypercalcémie et éventuellement à une calcification des tissus mous et à des lésions rénales et cardiovasculaires qui en résultent (7).

Qu’en est-il de la science?

Il existe un débat scientifique sur la quantité de vitD dont les gens ont besoin chaque jour et sur les taux sériques optimaux pour prévenir les maladies. De son côté, l’Institute of Medicine (IOM) a estimé qu’il n’y avait pas suffisamment de preuves pour établir un lien de cause à effet entre la vitD et les bienfaits pour la santé autres que pour la santé des os (6, 7).

Voici différentes recommandations selon certains organismes :

  • The Endocrine Society : supplément 1 500 à 2 000 UI par jour pour atteindre des taux sériques adéquats de vitD (6)
  • Société canadienne du cancer : 1 000 UI par jour, pour réduire les risques de cancer tout en ayant un faible potentiel de préjudices (15)
  • Ostéoporose Canada : Supplément quotidien de vitD tout au long de l’année (10)

Adultes en santé 19-50 ans : Besoin de 400 à 1 000 UI par jour
Adultes plus de 50 ans et jeunes adultes à risque élevé (ostéoporose, fractures, maladies nuisant à l’absorption de la vitD) : Besoin de 800 à 2 000 UI par jour

Santé Canada : supplément de 400 UI par jour chez les personnes âgées de plus de 50 ans et plus ou chez ceux qui n’atteignent pas leurs besoins via l’alimentation. (13)

Analysons donc la partie « ceux qui n’atteignent pas leurs besoins via l’alimentation ».

Peu d’aliments contiennent naturellement de la vitD, bien que certains aliments en soient enrichis.

Voici les principales sources de vitD provenant de l’alimentation :

Sources alimentaires Quantité (par portion de 100g)
Huile de foie de morue 1290 UI par portion de 15 ml
Espadon  1015 UI par portion de 100 g
Truite arc-en-ciel 645 UI par portion de 100 g
Saumon  272 UI par portion de 100 g
Saumon sockeye 570 UI par portion de 100 g
Champignons exposés aux rayons UVB  366 UI par portion de 125 ml
Thon 60-140 UI par portion de 100 g
Lait et boissons végétales enrichis en vitamine D  90-105 UI par portion de 250 ml
Sardines 100 UI par portion de 100 g
Yogourts enrichis 52-60 UI par portion de 175 ml
Margarine enrichie 50-80 UI par portion de 10 ml
Foie de bœuf 48 UI par portion de 100 g
Kéfir enrichi 35 UI par portion de 175 ml
Jaune d’œuf  32 UI par jaune
Jus d’orange enrichi en vitamine D  20 UI par portion de 250 ml

À moins de consommer tous les jours, de l’huile de foie de morue, de l’espadon, de la truite arc-en-ciel ou du saumon sockeye (ce qui est difficile à imaginer), il faut donc combiner plusieurs sources pour atteindre les besoins quotidiens et ce, tous les jours de l’année. De plus, certains de ces poissons sont des poissons à haute teneur en mercure et en consommer tous les jours n’est pas recommandé afin de diminuer notre exposition aux métaux lourds (5).

Faisons quelques exemples de combinaisons pour atteindre environ 600 UI par jour:

  • 1 portion de saumon (non sockeye) + 1 portion de sardines + 2 tasses (500 ml) de lait
  • 1 portion de thon + 1 tasse (250 ml) de boisson de soya enrichie + 1 yogourt enrichi + 2 œufs + 1 tasse (250 ml) de jus d’orange + 6 champignons Shiitake
  • 1 litre (1000 ml) de lait + 1 portion de foie de bœuf + 1 œuf + ¾ tasse (175 ml) de kéfir enrichi + 2 c. à thé (10 ml) de margarine enrichie

Et vous ? Pensez-vous être en mesure d’atteindre vos besoins quotidiens uniquement via votre alimentation ?

Si la réponse est oui, tant mieux !

Si la réponse est non, vous pourriez peut-être bénéficier d’un supplément de vitamine D3. À moins d’avis contraire, vous ne devriez pas excéder l’AMT de 4000 UI par jour. La plupart des suppléments offrent 1000 ou 2000 UI par comprimé. Avec un supplément, vous aurez les effets bénéfiques potentiels associés à la vitD au grand plaisir de vos bactéries intestinales et de votre santé globale!

Parlez-en avec votre médecin ou votre nutritionniste.

Références :

 (1) Aggeletopoulou I, Tsounis EP, Mouzaki A, Triantos C. Exploring the Role of Vitamin D and the Vitamin D Receptor in the Composition of the Gut Microbiota. Front Biosci (Landmark Ed). 2023 Jun 14;28(6):116. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/37395032/ 

(2) Anglin RE, Samaan Z, Walter SD, McDonald SD. Vitamin D deficiency and depression in adults: systematic review and meta-analysis. Br J Psychiatry. 2013 Feb;202:100-7. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC4011048/ 

(3) Bellerba F, Muzio V, Gnagnarella P, Facciotti F, Chiocca S, Bossi P, Cortinovis D, Chiaradonna F, Serrano D, Raimondi S, Zerbato B, Palorini R, Canova S, Gaeta A, Gandini S. The Association between Vitamin D and Gut Microbiota: A Systematic Review of Human Studies. Nutrients. 2021 Sep 26;13(10):3378. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8540279/ 

(4) Charoenngam N, Shirvani A, Kalajian TA, Song A, Holick MF. The Effect of Various Doses of Oral Vitamin D3 Supplementation on Gut Microbiota in Healthy Adults: A Randomized, Double-blinded, Dose-response Study. Anticancer Res. 2020 Jan;40(1):551-556. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/31892611/ 

(5) Gouvernement du Canada, Le mercure présent dans le poisson. Page consultée en ligne: https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/aliments-nutrition/salubrite-aliments/contaminants-chimiques/contaminants-environnementaux/mercure/mercure-poisson.html

(6) Harvard T.H. Chan, The Nutrition Source, Vitamin D. Page consulté en ligne: https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/vitamin-d/ 

(7) Institute of Medicine (IOM) 2011. Dietary Reference Intakes for Calcium and Vitamin D. Washington, DC: The National Academies Press. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21796828/ 

(8) Merck Manual, Carence et dépendance à la vitamine D. Larry E. Johnson. Page consultée en ligne : https://www.merckmanuals.com/fr-ca/professional/troubles-nutritionnels/carence-d%C3%A9pendance-et-toxicit%C3%A9-des-vitamines/carence-et-d%C3%A9pendance-%C3%A0-la-vitamine-d#:~:text=Dans%20le%20d%C3%A9ficit%20s%C3%A9v%C3%A8re%2C%20le,l’hyperparathyro%C3%AFdie%20secondaire%2C%20normale.

(9)National Institutes of Health (NIH), Vitamin D. Page consultée en ligne: https://ods.od.nih.gov/factsheets/VitaminD-Consumer/

 10) Ostéoporose Canada, Vitamine D. Page consultée en ligne: https://osteoporosecanada.ca/vitamine-d/

(11) Pham VT, Dold S, Rehman A, Bird JK, Steinert RE. Vitamins, the gut microbiome and gastrointestinal health in humans. Nutr Res. 2021 Nov;95:35-53. doi: 10.1016/j.nutres.2021.09.001. Epub 2021 Oct 21. PMID: 34798467. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34798467/ 

(12) Rinninella E, Mele MC, Raoul P, Cintoni M, Gasbarrini A. Vitamin D and colorectal cancer: Chemopreventive perspectives through the gut microbiota and the immune system. Biofactors. 2022 Mar;48(2):285-293. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34559412/ 

(13) Santé Canada, Vitamine D. Page consultée en ligne : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/nutriments/vitamine-d.html

(14) Singh P, Rawat A, Alwakeel M, Sharif E, Al Khodor S. The potential role of vitamin D supplementation as a gut microbiota modifier in healthy individuals. Sci Rep. 2020 Dec 10;10(1):21641. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10251798/ 

(15) Société canadienne du cancer, Quelques éléments de réflexion pour mieux manger, Vitamine D. Page consultée en ligne: https://cancer.ca/fr/cancer-information/reduce-your-risk/eat-well/eating-well-extras-to-consider#:~:text=Selon%20les%20donn%C3%A9es%20actuelles%2C%20la,de%201000%20UI%20par%20jour.

(16) Tangestani H, Boroujeni HK, Djafarian K, Emamat H, Shab-Bidar S. Vitamin D and The Gut Microbiota: a Narrative Literature Review. Clin Nutr Res. 2021 Jul 20;10(3):181-191. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/34386438/ 

(17) Yamamoto EA, Jørgensen TN. Relationships Between Vitamin D, Gut Microbiome, and Systemic Autoimmunity. Front Immunol. 2020 Jan 21;10:3141. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC6985452/ 

(18) Yu XL, Wu QQ, He LP, Zheng YF. Role of in vitamin D in irritable bowel syndrome. World J Clin Cases. 2023 Apr 26;11(12):2677-2683. https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC10198110/ 

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