Les anti-nutriments sont souvent pointés du doigt pour leurs effets négatifs potentiels sur la santé globale. Explorons ensemble les principaux anti-nutriments de l’alimentation et leurs impacts potentiels rapportés dans la littérature scientifique sous forme de questions et réponses!
Qu’est-ce qu’un anti-nutriment?
Les anti-nutriments sont des constituants alimentaires végétaux qui peuvent nuire à l’apport et à l’absorption de certains nutriments (1)(2). L’influence des anti-nutriments semble être mitigée. D’un côté, les anti-nutriments sont associés à des impacts négatifs sur la biodisponibilité de certains nutriments des aliments alors que d’autres études rapportent des bienfaits potentiellement positifs par leurs rôles antioxydants et anti-inflammatoires (1)(2).
Pourquoi les plantes produisent-elles des anti-nutriments?
Les anti-nutriments sont des mécanismes de défense par lesquels les plantes se protègent de leur environnement, soit de prédateurs ou encore de certaines maladies (1)(2).
Quels sont les principaux anti-nutriments présents dans les aliments végétaux?
Il existe plusieurs anti-nutriments dans les aliments qui peuvent être catégorisés par leur structure chimique et leur signification fonctionnelle (1).
On retrouve entre autres les (1) :
Lectines
Tanins
Goitrogènes
Oxalates
Phytates
Estrogènes
Solanines
Les principaux anti-nutriments
Lectines
Effets néfastes potentiels
Les lectines sont rapportées comme ayant des effets potentiels négatifs sur la santé digestive. En effet, étant donné qu’elles sont résistantes à l’activité des enzymes digestives, les lectines peuvent rester intactes dans le système digestif (1). Dans les études, on rapporte que l’exposition à de grandes quantités de lectines peut entraîner un syndrome de l’intestin perméable (1). Il se caractérise par une augmentation de la perméabilité intestinale. (1)(2) La paroi intestinale devient plus poreuse, permettant à des substances telles que des toxines et des bactéries de s’infiltrer dans la circulation sanguine (1). Cette fuite déclenche une réponse immunitaire et peut entraîner une inflammation dans tout l’organisme. (1) Par contre, il est important de souligner que ces perturbations ont été observées dans les études chez les animaux (2). Peu d’études ont été effectuées chez les humains sur la consommation de lectines et la santé digestive (3).
Sources alimentaires de lectines
Blé, noix, céréales, quinoa, haricots, légumineuses, petits pois, carottes, tomates, poivrons, aubergine, paprika, pommes de terre. (1)(2)(3)
En bref : les lectines
Des études rapportent des impacts potentiellement négatifs sur la santé intestinale lors de la consommation de lectines. Ces mécanismes ont été présents dans les études chez les animaux et ces perturbations n’ont pas été observées chez l’humain. La science actuelle ne justifie pas de retirer ou de limiter la consommation de ces aliments et au contraire favorise des nutriments intéressants comme les prébiotiques pour la santé digestive!
 
			 
			 
			Tanin
Les tanins sont présents dans plusieurs aliments consommés tous les jours. Ils confèrent une amertume et une astringence gustatives comme dans le vin rouge et le café (1).
Sources alimentaires de tanins
Thé, café, cacao, raisins, pommes, abricots, baies, fruits à noyaux, noix, vin. (1)(3)
Effets néfastes potentiels
Les tanins semblent nuire à l’absorption de certains nutriments. En effet, ils peuvent agir comme chélateurs en freinant l’absorption des minéraux comme le fer, le cuivre et le zinc (3). Ainsi, les tanins semblent être associés à une réduction de l’absorption et des réserves de fer dans le corps (1)(3)(4).
Par contre, les impacts des tanins sur le fer ne font pas consensus dans les études. En effet, des études épidémiologiques (de populations) ne rapportent aucune corrélation (lien) entre l’apport alimentaire en tanins et l’anémie ferriprive (3).
Tout de même, pour réduire l’impact potentiel des tanins sur l’absorption du fer, il est recommandé de distancer la prise de thé et de café des repas (3). Aussi, jumeler la consommation d’aliments riches en tanins avec une source alimentaire de vitamine C, comme des légumes et fruits (ex. brocoli, poivron, fraise, pomme, agrumes), réduit ses impacts potentiels (3).
Effets positifs potentiels
Des recherches rapportent des bienfaits des tanins par leur teneur élevée en polyphénols (3). Ayant des rôles antioxydants, les polyphénols sont associés à une diminution du risque de diabète de type 2 et de maladies cardiovasculaires (3). De plus, les polyphénols sont des prébiotiques pour les bactéries intestinales (3).
En bref : les tanins
Les tanins semblent possiblement nuire à l’absorption du fer dans l’alimentation (1, 3). Les jumeler avec une source de vitamine C (ex. légumes, fruits) est une façon de réduire leur impact (3). En plus, distancer le café et le thé des repas est un comportement préventif. Portez davantage attention aux tanins si vous avez des besoins supérieurs (ex. femme, grossesse) ou que les sources de fer sont plus limitées dans votre alimentation (ex. végétarisme, végétalisme). Par contre, aucune étude ne démontre la nécessité de limiter les apports en tanins. Des bienfaits sont documentés par leur teneur en polyphénols, un antioxydant favorable pour la santé globale (1)(3)!
 
			 
			 
			Goitrogènes
Les tanins sont présents dans plusieurs aliments consommés tous les jours. Ils confèrent une amertume et une astringence gustatives comme dans le vin rouge et le café (1).
Sources alimentaires de goitrogènes
Légumes crucifères (chou, brocoli, chou-fleur, chou frisé, chou chinois, navet), patate douce, soya, millet, manioc. (1)(2)(3)
Effets néfastes potentiels
Les goitrogènes sont rapportés pour inhiber (nuire) à l’absorption de l’iode et à la synthèse des hormones thyroïdiennes (1)(2)(3). Cette association s’explique étant donné que les goitrogènes peuvent réduire la libération d’iode par la glande thyroïde en agissant comme un inhibiteur compétitif (2). Ainsi, les goitrogènes peuvent interférer avec la fonction de la thyroïde et accroître le risque de certaines maladies thyroïdiennes comme l’hypothyroïdie et le goitre (1)(2)(3).
Par contre, ces associations avec les risques de maladies sont controversées dans la littérature et les résultats diffèrent entre les études (2). Les effets indésirables des goitrogènes sont présents lors d’une alimentation faible en iode (2)(3). Ainsi, chez les personnes ayant une maladie de la thyroïde (ex. hypothyroïdie, hyperthyroïdie) ou qui sont plus à risque de ces maladies, il est important de miser sur des apports adéquats en iode dans l’alimentation pour limiter les effets potentiels nuisibles des goitrogènes.
Exemples d’aliments riches en iode : poissons, fruits de mer, sel iodé, produits laitiers, œufs, algues.
Par ailleurs, chez les gens n’ayant pas ces maladies de la thyroïde ou qui ne sont ni à risque de celles-ci, lors d’une alimentation équilibrée, les goitrogènes ne sont pas associés à un risque de dommages graves sur la santé (3).
Effets positifs potentiels
La consommation de goitrogènes semble être associée à quelques bienfaits sur la santé, dont la réduction du cancer de la thyroïde et l’amélioration de maladies métaboliques et neurodégénératives (2, 3). Ces bienfaits semblent attribués à leurs rôles anti-inflammatoires (2).
En bref : les goitrogènes
Les aliments riches en goitrogènes semblent interférer avec les fonctions de la thyroïde. Si vous avez une maladie thyroïdienne (ex. hypothyroïdie, hyperthyroïdie), il est important d’avoir des apports adéquats en iode dans votre alimentation pour limiter leurs impacts potentiels! Pour les autres personnes, aucune étude ne démontre la nécessité de limiter les apports en goitrogènes, mais au contraire!
 
			 
			 
			Oxalates
Les tanins sont présents dans plusieurs aliments consommés tous les jours. Ils confèrent une amertume et une astringence gustatives comme dans le vin rouge et le café (1).
Sources alimentaires d’oxalates
Épinards, chou frisé, brocoli, rhubarbe, feuilles de betterave, amarante, taro, bette à carde, patates douces, soya, noix, oseille, légumineuses. (1)(2)(3)
Effets néfastes potentiels
Les oxalates sont associés à une réduction de l’absorption de plusieurs minéraux dont le zinc, le fer, le calcium et le magnésium (1, 3, 4). De plus, plusieurs rapportent que la consommation élevée d’aliments riches en oxalates peut contribuer à la formation de calculs rénaux, soit les pierres aux reins (1)(2)(3)(4).
Une des façons de réduire l’impact des oxalates est de les consommer avec des aliments riches en calcium (1)(2). En effet, le risque de formation de calculs rénaux est plus élevé chez les personnes ayant un apport alimentaire en calcium plus faible (1)(2)(3).
Exemples d’aliments riches en calcium : produits laitiers (lait, yogourt, fromage), boissons végétales enrichies, légumes verts, poissons, légumineuses, tofu.
Les récentes données scientifiques mentionnent également que l’impact des oxalates sur les calculs rénaux est moindre dans l’ensemble que ce qui a été véhiculé dans les dernières années et la consommation de protéines animales aurait plus d’impact que celles végétales (3)!
En bref : les oxalates
Étant donné les liens potentiels par rapport à la formation de calculs rénaux, soit les pierres aux reins, vous pouvez porter attention à leur apport si vous êtes à risque de cette condition. Le fait de jumeler la consommation d’aliments riches en oxalates avec une source de calcium permet de limiter ce risque. Outre ce contexte, la consommation d’oxalates n’est pas limitée dans le cadre d’une alimentation équilibrée.
 
			 
			 
			Phytates
Les tanins sont présents dans plusieurs aliments consommés tous les jours. Ils confèrent une amertume et une astringence gustatives comme dans le vin rouge et le café (1).
Sources alimentaires de phytates
Légumineuses, céréales, avoine, féveroles, amarante, noix, graines (1)(2)(3)(4)
Effets néfastes potentiels
Certaines données rapportent que les phytates pourraient nuire à l’absorption de plusieurs minéraux dont le zinc, le fer, le calcium et le magnésium (1, 2, 3, 4). Comme les tanins, les phytates sont des chélateurs de ces nutriments et limitent ainsi leur absorption (2, 3).
Combiner la consommation d’aliments riches en fibres et en vitamine C à ceux riches en phytates pourrait minimiser leur impact négatif potentiel (2, 3). Par exemple, jumeler la consommation de légumineuses à des légumes ou des fruits, riches en fibres et en vitamine C, dans le même repas aide à limiter l’impact sur l’absorption des nutriments.
Effets positifs potentiels
Plusieurs études rapportent que les phytates auraient des effets positifs étant donné qu’ils sont riches en antioxydants (2) (3).. Leur consommation est associée à la réduction du risque de certaines maladies chroniques comme le diabète et les maladies cardiovasculaires (1) (2).
En bref : les phytates
Les bienfaits des aliments contenant des phytates pour la santé humaine dépassent leurs effets potentiels de réduction de l’absorption des minéraux (3).
 
			 
			 
			Comment réduire la teneur en anti-nutriments dans les aliments?
Il existe différentes façons de réduire les teneurs en anti-nutriments dans les aliments. Le trempage, la cuisson, la fermentation et la germination sont les principales méthodes (3, 4).
Voici un tableau synthèse selon les anti-nutriments présents dans les aliments (3, 4)
 
			En conclusion
Les anti-nutriments sont-ils dangereux pour la santé et réduisent-ils vraiment l’absorption des minéraux?
Les anti-nutriments ne sont pas dangereux pour la santé globale. Ils peuvent réduire l’absorption de certains nutriments, principalement les minéraux comme le fer et le zinc. Certaines recommandations nutritionnelles, comme la consommation de calcium avec les aliments riches en oxalates, limitent ces impacts d’absorption.
Les anti-nutriments ont-ils des effets bénéfiques potentiels?
Oui, plusieurs études rapportent des effets bénéfiques aux anti-nutriments par leur teneur élevée en antioxydants, en fibres et en prébiotiques pour la majorité. À l’exception de conditions de santé particulières, les bienfaits des aliments riches en anti-nutriments semblent surpasser les altérations potentielles de minéraux!
Miser une alimentation colorée et végétale est de mise pour une santé globale, anti-nutriments ou pas!
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Références :
- Arsov et al. (2024) Bacterial Degradation of Antinutrients in Foods: The Genomic Insight. Foods Jul 29;13(15):2408. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/39123599/
- Lopez-Moreno et al. (2022) Antinutrients: Lectins, goitrogens, phytates and oxalates, friends or foe? Journal of Functional Foods, Volume 89, 104938. https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1756464622000081
- Petroski et Minich (2020) Is There Such a Thing as “Anti-Nutrients”? A Narrative Review of Perceived Problematic Plant Compounds. Nutrients Sep 24;12(10):2929. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32987890/
- Tiwari et Dubey (2025) Adverse effects of antinutrients on human health: a systematic review. International Journal of Scientific Reports, 11(2), 73–79. https://www.researchgate.net/publication/388364290_Adverse_effects_of_antinutrients_on_human_health_a_systematic_review
 
				